J’ai 13 ans en 1988, quand un professeur de français me fait lire L’Adieu aux armes d’Hemingway, Nouvelles de Salinger et Les braves gens ne courent pas les rues de Flannery O’Connor. Je ressens encore les effets de l’onde de choc produite par ces lectures.
J’écrivais déjà, je continue.
Je lis La nausée, que personne ne m’a recommandé, qui me fascine immédiatement, et Le capitaine Fracasse. Je cours encore après l’effet produit sur moi par la mélancolie de ces deux romans.
Le lycée est un champ de foire, il s’y passe tout et n’importe quoi, c’est excitant. Je continue d’écrire, participe à un concours de nouvelles.
L’année d’Hypokhâgne est un champ de foire, il s’y passe tout et n’importe quoi, c’est excitant. Je découvre l’univers des revues littéraires. Mon premier texte de fiction est publié par Grèges, et mon premier article par Prétexte. Beaucoup d’autres textes et articles suivront (pour Esprit, La NRF, Critique, et aujourd’hui Inculte).
En 2000 je termine pour la première fois un roman. Alors que je suis au service militaire (c’est un champ de foire, etc.), Actes Sud publie Le Dehors ou la migration des truites. Paraitront ensuite – une fois libéré des « obligations » – Appoggio (Actes sud, 2003) et Anima motrix (Verticales, 2006), ces trois titres constituant une manière de triptyque.
En 2003 je suis sélectionné pour devenir pensionnaire de la villa Médicis (Rome) en 2004-2005. A Rome je décide de mettre entre parenthèse l’écriture d’Anima motrix pour coécrire Anastylose (Fage, 2006), un ouvrage retraçant l’histoire d’un monument de la Rome antique, l’Ara Pacis. Je prends goût aux expériences collectives, qui prolongent la recherche d’une écriture polyphonique et devient membre du comité de rédaction de la revue Inculte. A partir de là, je multiplierai les projets collectifs – le dernier en date étant La borne SOS 77 avec le photographe Ludovic Michaux.
C’est encore cette dimension collective qui explique mon goût pour l’écriture radiophonique et le fait que je réponde aux commandes de France-Culture en écrivant des dramatiques (La relève des dieux par les pitres, réalisé par Claude Guerre) ou des adaptations (Sous le volcan de Malcolm Lowry, réalisé par Christine Bernard-Sugy, et La conscience de Zeno d’Italo Svevo, réalisé par Myron Meerson).
Chez joca seria
juillet 2018
978-284809-309-3
15 x20 cm
80 pages
15 €
« Hier je leur ai proposé d’écrire, dans leur langue maternelle, ce qu’ils aimeraient que soit la France (un objet, un sentiment, un pays fonctionnant autrement, un poisson d’eau douce, le nez rouge d’un clown). Mais aujourd’hui je réalise qu’il est curieux de leur avoir demandé de formuler ce rêve dans une langue qui restera incompréhensible aux français susceptibles de répondre à leur attente. Ce n’est pas l’endroit (leur désir) où maintenir le mystère, et l’incompréhension… Pourquoi leur avoir proposé cela alors ? Pour que l’écriture en français ne suppose pas l’abandon de leur propre langue. Alors que faire de ces réponses ? Une idée : est-ce que les placer en couverture du recueil ne serait pas une belle idée ? Pour le lecteur qui approchera ce livre en librairie, l’effet sera étrange et beau – sous le titre C’EST QUOI CE PAYS, des phrases manuscrites, incompréhensibles au lecteur français. À charge pour lui de trouver notre pays déplié, diffracté, dans les textes écrits par ces onze personnes. Comme si tous les textes écrits par chacun d’entre eux étaient autant de fleurs (épanouies) issues de cette graine initiale, fermée, inaccessible… » A. B.
Le texte que l’on va lire est une fiction, ou plutôt, selon le terme désormais consacré, une métafiction, c’est-à-dire une fiction qui relate le processus de création d’une fiction : les traverses que rencontre son élaboration dans le cadre d’un atelier d’écriture au temps du corona, son cheminement chaotique et énigmatique selon le point de vue de l’écrivaine censée le mener mais qui, contaminée, ne peut le faire qu’à distance, puis son bouleversement avec la rébellion des participants, qui opèrent une révolution aux deux sens du terme : ils « prennent » la narration de la métafiction et renversent, en les inversant, les principes de composition de la fiction.
Ce texte ne relève pas de la pure invention ; la réalité qu’il fictionnalise se devine en partie, affleure même en divers points avec les noms des apprentis-écrivains et les textes qu’ils ont réellement écrits lors des séances d’atelier qu’a animées toute une année, en présence, non pas une écrivaine mais un écrivain, Arno Bertina, en résidence au lycée Lavoisier en 2020-2021.
Ce projet s’est déroulé dans le cadre d’une résidence d’écrivain initiée par Sylvie Cadinot-Romerio et financée par le conseil régional d’Île-de-France.
Chez joca seria
juillet 2018
978-284809-309-3
15 x20 cm
80 pages
15 €
« Hier je leur ai proposé d’écrire, dans leur langue maternelle, ce qu’ils aimeraient que soit la France (un objet, un sentiment, un pays fonctionnant autrement, un poisson d’eau douce, le nez rouge d’un clown). Mais aujourd’hui je réalise qu’il est curieux de leur avoir demandé de formuler ce rêve dans une langue qui restera incompréhensible aux français susceptibles de répondre à leur attente. Ce n’est pas l’endroit (leur désir) où maintenir le mystère, et l’incompréhension… Pourquoi leur avoir proposé cela alors ? Pour que l’écriture en français ne suppose pas l’abandon de leur propre langue. Alors que faire de ces réponses ? Une idée : est-ce que les placer en couverture du recueil ne serait pas une belle idée ? Pour le lecteur qui approchera ce livre en librairie, l’effet sera étrange et beau – sous le titre C’EST QUOI CE PAYS, des phrases manuscrites, incompréhensibles au lecteur français. À charge pour lui de trouver notre pays déplié, diffracté, dans les textes écrits par ces onze personnes. Comme si tous les textes écrits par chacun d’entre eux étaient autant de fleurs (épanouies) issues de cette graine initiale, fermée, inaccessible… » A. B.
Le texte que l’on va lire est une fiction, ou plutôt, selon le terme désormais consacré, une métafiction, c’est-à-dire une fiction qui relate le processus de création d’une fiction : les traverses que rencontre son élaboration dans le cadre d’un atelier d’écriture au temps du corona, son cheminement chaotique et énigmatique selon le point de vue de l’écrivaine censée le mener mais qui, contaminée, ne peut le faire qu’à distance, puis son bouleversement avec la rébellion des participants, qui opèrent une révolution aux deux sens du terme : ils « prennent » la narration de la métafiction et renversent, en les inversant, les principes de composition de la fiction.
Ce texte ne relève pas de la pure invention ; la réalité qu’il fictionnalise se devine en partie, affleure même en divers points avec les noms des apprentis-écrivains et les textes qu’ils ont réellement écrits lors des séances d’atelier qu’a animées toute une année, en présence, non pas une écrivaine mais un écrivain, Arno Bertina, en résidence au lycée Lavoisier en 2020-2021.
Ce projet s’est déroulé dans le cadre d’une résidence d’écrivain initiée par Sylvie Cadinot-Romerio et financée par le conseil régional d’Île-de-France.